Au cœur de Paris, dans les salons dorés du Palais-Royal au début du XVIIIe siècle, se tenaient des rencontres qui allaient définir les codes de la bienséance pour des générations. C’est ici que Madame de Rambouillet, célèbre pour son esprit et son élégance, recevait les plus grandes figures de l’époque. Un jour, lors d’une de ces réceptions, un jeune homme ambitieux mais peu versé dans l’art de la cour fit une entrée remarquée. Maladroitement, il trébucha sur le tapis, renversant une table et ses délicats arrangements floraux. Plutôt que de s’offusquer, Madame de Rambouillet glissa gracieusement vers l’incident, aidant le jeune homme à se relever avec un sourire. « À la cour, monsieur, » lui murmura-t-elle, « on ne fait pas de pas sans glisser parfois. L’essentiel est de se relever avec autant de grâce que l’on tombe. »
Cette anecdote illustre parfaitement l’essence du savoir-vivre, un art qui transcende les simples bonnes manières pour toucher au cœur même de notre humanité. Comme le montre cette anecdote l’élégance et la grâce, ne sont pas innées; elles s’acquièrent et se cultivent. À mesure que les siècles ont avancé, l’art de la bienséance, jadis transmis de bouche à oreille dans les salons et les cours royales, a trouvé sa place dans les pages écrites. Le premier livre sur le savoir vivre apparut comme un guide indispensable pour ceux qui étaient éloignés des centres du pouvoir et des cercles raffinés. Ces manuels de politesse, compilant les règles et les normes de conduite, ont permis à un public plus large d’accéder aux normes sociales du savoir vivre des aristocrates.
L’arrivée de livre sur le savoir vivre a marqué un tournant, démocratisant la connaissance des bonnes manières qui était autrefois l’apanage des élites. Ils sont devenus des instruments clés pour quiconque désire améliorer ses interactions sociales, offrant non seulement des leçons de politesse mais aussi des fenêtres sur les coutumes des différentes époques. Ces livres nous enseignent comment chaque interaction, chaque geste peut être empreint de dignité et de respect, tout en nous connectant directement aux traditions longtemps chéries qui ont façonné les sociétés civilisées à travers les âges.
Le savoir-vivre, souvent perçu comme un ensemble de règles rigides, est en réalité un art subtil qui enrichit les interactions sociales et améliore la qualité de vie. Cet article vous invite à explorer pourquoi il est crucial de maîtriser le savoir-vivre, ce que cela implique, et comment cette compétence peut transformer positivement votre quotidien.
Contexte sociétal et historique
Notre société moderne, encore marquée par les révolutions sociales comme celle de Mai 68 et son célèbre slogan « il est interdit d’interdire », a vu s’éroder de nombreux cadres normatifs traditionnels. Cette époque de remise en question radicale des normes a conduit à ce que certains nomment un « ensauvagement » de la société, où les règles de bienséance semblent parfois totalement oubliées. Aujourd’hui, nous observons un renouveau de l’intérêt pour ces traditions de savoir-vivre, souvent abandonnées par les générations précédentes, mais qui connaissent un regain d’intérêt parmi ceux cherchant à rétablir un sens de l’ordre et du respect dans leurs interactions quotidiennes.
Cette article se propose de jeter des ponts entre le passé et le présent du savoir-vivre, en explorant à la fois son histoire fascinante et ses applications contemporaines. Nous verrons comment, à travers les siècles, le livre sur le savoir-vivre à évolué pour répondre aux besoins de l’époque tout en préservant un cœur de principes universels et intemporels.
En plus de fournir un aperçu historique et théorique, cet article mettra en lumière des recommandations de lectures essentielles—des livres qui incarnent et enseignent l’art du savoir-vivre. Que vous soyez un novice désireux d’apprendre les bases ou un connaisseur cherchant à approfondir votre maîtrise, vous trouverez des ressources précieuses pour guider votre pratique.
Tout d’abord qu’est ce que le savoir-vivre ?
C’est un ensemble de règles et de comportements sociaux qui dictent la manière de se comporter respectueusement et convenablement dans diverses situations sociales. C’est l’art de vivre et d’interagir avec les autres de manière élégante et respectueuse, en harmonie avec les conventions et les attentes culturelles. Le savoir-vivre englobe les manières à table, les formules de politesse, les gestes de courtoisie, et l’étiquette en public, mais va bien au-delà de ces aspects visibles.
Comment les notions de savoir-vivre ont évolué à travers les âges ?
Un bref historique des premières règles de savoir-vivre
Les origines du savoir-vivre remontent à l’Antiquité, où des civilisations comme celles de l’Égypte, de la Grèce et de Rome élaboraient déjà des codes de conduite pour la vie publique et privée. Chez les Égyptiens, par exemple, l’accent était mis sur la maîtrise de soi et le respect des positions sociales. Les philosophes grecs, tels que Platon et Aristote, discutaient de l’importance de la tempérance et de la courtoisie comme vertus cardinales. Sous la Rome antique, la civilitas (civilité) représentait un idéal de comportement citoyen, incluant le respect des lois, des traditions et des autorités.
À travers le Moyen Âge et la Renaissance, le savoir-vivre a commencé à prendre une forme plus structurée, influencé par la chevalerie et les courtoisies féodales. Ces pratiques ont évolué en un ensemble complexe de règles dictées par l’étiquette des cours royales européennes. L’un des premiers traités modernes sur le sujet, « Il Galateo » de Giovanni della Casa, fut publié au XVIe siècle en Italie, posant les bases de la bienséance dans la société moderne.
Au XVIe siècle également, Érasme de Rotterdam, publia le premier traité de savoir vivre avec son œuvre « De Civilitate Morum Puerilium » (La Civilité puérile), codifia un ensemble de comportements destinés à la jeunesse européenne, influençant profondément les générations futures en matière de savoir-vivre quotidien. Ce manuel détaillait les manières appropriées pour tout, depuis la conversation jusqu’aux manières à table, soulignant l’importance de la retenue et du respect dans les interactions sociales.
Le XVIIe siècle vit une continuation de cette tradition avec les écrits de Saint Jean-Baptiste de La Salle. Ses « Règles de la Bienséance et de la Civilité Chrétienne » transcendaient les simples manières pour intégrer une dimension spirituelle et morale, spécialement conçues pour les jeunes. Ces règles étaient destinées à former non seulement des individus polis mais aussi vertueux, enracinant le savoir-vivre dans un contexte chrétien qui prônait l’humilité et le service aux autres.
Avec l’arrivée de l’ère de l’imprimerie, les manuels de savoir-vivre sont devenus plus accessibles, permettant à un public plus large d’apprendre et d’adopter ces comportements raffinés. Au XVIIe et XVIIIe siècles, en France, des auteurs comme la baronne d’Ortigue ont écrit des ouvrages détaillés sur l’étiquette, tandis que des philosophes tels que Jean-Jacques Rousseau discutaient des implications morales et sociales du comportement civil.
Durant l’ère victorienne, le savoir-vivre atteignit un pic de formalisme, en particulier en Angleterre, où des figures telles qu’Emily Post commencèrent à rédiger des manuels exhaustifs couvrant chaque aspect de la vie quotidienne, des dîners de gala aux cérémonies de mariage. Ces guides mettaient un point d’honneur à la discrétion, à l’élégance vestimentaire, et à la gestion habile des relations sociales, soulignant ainsi le rôle primordial du savoir-vivre dans la société.
Au contraire, du XIXe siècle jusqu’aux années 1950, on assista à l’âge d’or du livre sur le savoir-vivre, caractérisé par des ouvrages plus équilibrés et moins dogmatiques, avec la publication de centaines de guides. Parmi eux, les écrits des Frères des écoles chrétiennes se distinguaient constamment par leur équilibre et leur bon goût. Leurs manuels, riches en citations et anecdotes historiques, perpétuaient les enseignements de leur fondateur, Saint Jean-Baptiste de La Salle. Ils continuaient d’améliorer et d’enrichir leur « Manuel du Vrai Savoir-Vivre« , un ouvrage qui intégrait les normes sociétales contemporaines tout en conservant les valeurs profondes des principes chrétiens.
Quels sont les éléments constitutifs et intemporelle du Savoir-Vivre
Les composantes clés du savoir-vivre forment une trame sur laquelle se tissent les interactions quotidiennes, permettant des échanges harmonieux et respectueux :
La courtoisie : C’est la pierre angulaire du savoir-vivre. Elle implique une politesse constante, un effort pour mettre à l’aise les autres, et une volonté de montrer un respect visible à travers des gestes simples comme saluer, remercier, et faire preuve de gentillesse générale.
« Écoutez vos interlocuteurs sans prévention. Discutez leurs thèses, s’il y a lieu, mais avec courtoisie. Sachez reconnaître la part de vérité que contiennent leurs affirmations. »
(L’art de la conversation par Raymond de Saint-Laurent p. 22).
La discrétion : Un aspect fondamental du savoir-vivre est la capacité à éviter les paroles et actions qui pourraient embarrasser ou incommoder les autres. Cela inclut le contrôle de sa voix, le respect de la vie privée d’autrui, et la discrétion dans les critiques ou les compliments.
« Pour parler avec discrétion et avec prudence, ne jamais parler qu’on n’ait bien pensé à ce qu’on a à dire. »
(Les règles de la bienséance par St Jean-Baptiste de La Salle p. 57).
L’empathie : Comprendre et partager les sentiments d’autrui est essentiel pour anticiper leurs besoins et réagir de manière appropriée. Le savoir-vivre demande de se mettre à la place de l’autre, de reconnaître ses émotions et de répondre avec sensibilité et justesse.
« Savoir écouter, c’est rendre un hommage précieux à celui qui nous parle ; il en est flatté, réjoui, réconforté. »
(L’art de la conversation, Raymond de Saint-Laurent, p. 19).
L’adaptabilité : Les règles de bienséance peuvent varier considérablement d’une culture à l’autre. Le savoir-vivre authentique exige donc de savoir s’adapter aux normes sociales de différents groupes et environnements, sans jamais perdre de vue le respect fondamental d’autrui.
« La politesse n’a pas de règles invariables ; elle tient compte des temps, des lieux et des personnes. »
(Le vrai Savoir-Vivre, Les frères des écoles chrétiennes, p. 31).
La consistance : La vraie mesure du savoir-vivre réside dans sa consistance. Il ne s’agit pas d’afficher des manières quand cela nous est favorable, mais de les maintenir indépendamment des circonstances, témoignant ainsi de l’intégrité et de la sincérité de l’individu.
« La circonspection qu’on doit avoir dans ses paroles, demande qu’elles soient accompagnées de quelques conditions. »
(Les règles de la bienséance par St Jean-Baptiste de La Salle, p. 68).
Le respect des traditions : Le savoir-vivre s’enracine souvent dans des traditions culturelles profondément ancrées qui guident les interactions sociales. Connaître et respecter ces traditions, qu’il s’agisse de règles de protocole lors d’un événement formel ou des coutumes lors de rencontres internationales, est crucial. Ce respect montre une appréciation pour l’histoire et les coutumes qui façonnent les comportements dans différentes cultures.
« Toute famille qui se respecte a ou doit tendre à avoir une histoire, et elle se dirige dans ce but. »
(Le livre de famille par Charles de Ribbe, p. 45).
L’élégance dans l’expression : La manière dont nous exprimons nos pensées et sentiments joue un rôle significatif dans le savoir-vivre. Utiliser un langage soigné et approprié, tant à l’oral qu’à l’écrit, évite les malentendus et montre un respect pour l’interlocuteur. Cela inclut le choix des mots, le ton de la voix, et le maintien général pendant la communication.
« Les principales qualités du style épistolaire sont : la clarté, le naturel et l’élégance. »
(Le vrai Savoir-Vivre par Les frères des écoles chrétiennes, p. 56).
La ponctualité : Être à l’heure est une marque de respect qui démontre que l’on valorise le temps des autres autant que le sien. La ponctualité est essentielle dans toutes les interactions professionnelles et sociales, reflétant l’organisation et le respect des engagements.
« Il défend de s’empresser pour manger ; il est aussi très incivil de manger avec précipitation, cela sent le gourmand. »
(Les règles de la bienséance par St Jean-Baptiste de La Salle, p. 97).
La modération : Le savoir-vivre implique de savoir modérer ses comportements et réactions. Cela signifie souvent de retenir ses impulsions, de contrôler ses émotions, et de maintenir un équilibre dans les discussions et les débats. La modération aide à maintenir une atmosphère agréable et à prévenir les conflits.
« Un homme tempérant, de ce qui est servi, n’en mangeant qu’avec beaucoup de retenue et de modération. »
« Il défend de s’empresser pour manger ; il est aussi très incivil de manger avec précipitation, cela sent le gourmand. »
(Les règles de la bienséance par St Jean-Baptiste de La Salle, p. 105).
La gratitude : Exprimer de la gratitude non seulement quand on reçoit un cadeau, mais aussi pour l’attention ou le temps que les autres nous accordent, est une composante fondamentale du savoir-vivre. La gratitude renforce les liens entre les personnes et favorise une ambiance positive.
« On leur a rendu un petit service qui mérite une certaine gratitude, elles embouchent la trompette épique. »
« Savoir écouter, c’est rendre un hommage précieux à celui qui nous parle ; il en est flatté, réjoui, réconforté. »
(L’art de la conversation, Raymond de Saint-Laurent, p. 35).
L’humilité : Un élément souvent sous-estimé mais vital du savoir-vivre est l’humilité. Reconnaître que l’on ne sait pas tout, être ouvert à apprendre des autres, et accepter les corrections avec grâce sont des marques de respect et d’intelligence sociale.
« La douceur, l’humilité et le respect pour le prochain doivent toujours se faire paraître dans notre conduite. »
« Il défend de s’empresser pour manger ; il est aussi très incivil de manger avec précipitation, cela sent le gourmand. »
(Les règles de la bienséance par St Jean-Baptiste de La Salle, p. 115).
Dans le Passé : Rôle et valeur du savoir-vivre dans les sociétés anciennes
Historiquement, le savoir-vivre a servi de baromètre social, établissant des normes qui ont non seulement facilité la communication mais aussi renforcé les hiérarchies sociales et le respect mutuel. Dans les cours royales d’Europe, par exemple, maîtriser l’art de la bienséance était essentiel pour ceux qui aspiraient à gravir les échelons du pouvoir et de l’influence. Ces normes régulaient tout, des gestes les plus banals, comme la manière de saluer, à des rituels complexes lors des banquets ou des rencontres diplomatiques.
Ce cadre rigide, loin d’être perçu uniquement comme restrictif, était souvent considéré comme un moyen d’exprimer respect et honneur envers autrui. Il offrait un langage commun à travers lequel les individus de différentes régions et cultures pouvaient interagir harmonieusement, minimisant les conflits et malentendus potentiels. En somme, le savoir-vivre était la toile de fond sur laquelle se déroulaient les grandes pièces du théâtre social et politique, permettant une interaction fluide et respectueuse entre les personnes de tous horizons.
Le rôle du Savoir vivre aujourd’hui
Un idéal civilisationnel
Dans des temps où la grossièreté et l’impolitesse deviennent monnaie courante, sous couvert de franchise ou d’authenticité, le savoir-vivre se présente comme un idéal de conduite qui réintroduit la dignité et le respect dans nos interactions. Cet ensemble de comportements et d’attitudes, riche d’un héritage culturel profond, contrecarre l’abaissement des standards de communication humaine et renforce le tissu social. Il rappelle à chacun que la civilisation repose non seulement sur des lois et des règles, mais surtout sur des conventions subtiles de respect mutuel et de considération pour l’autre.
Un ancrage important
Également pour ceux qui se sentent déracinés, que ce soit par la migration, la mondialisation ou les bouleversements socio-économiques, le savoir-vivre offre un ensemble de repères stables et rassurants. Il fournit des directives claires sur comment se comporter, s’habiller, parler et interagir de manière appropriée dans diverses situations. Cela peut être particulièrement réconfortant pour ceux qui cherchent à trouver leur place dans une nouvelle communauté ou société. Le savoir-vivre, en tant que code comportemental, aide les individus à se sentir intégrés et respectés, favorisant ainsi une identité bien ancrée et une estime de soi élevée.
Une communication claire et respectueuse donc efficace
Le savoir-vivre influence directement la qualité de notre communication. Une communication efficace, selon les principes de la bienséance, est celle qui est à la fois claire, concise, et empreinte de respect. Elle nécessite une articulation soignée, le choix judicieux des mots, et une attention particulière au ton et au volume de la voix. Le savoir-vivre nous enseigne à ajuster notre discours à l’auditoire, à clarifier notre propos sans simplification excessive, et à s’assurer que le message est non seulement entendu mais aussi compris dans son entièreté. Cela inclut également l’art de savoir quand parler et quand se taire, une compétence cruciale dans toutes les formes de négociation et de diplomatie.
Le savoir-vivre, en ces temps de rapidité et parfois de négligence, apparaît donc non seulement comme une compétence sociale, mais comme une nécessité morale et un acte de résistance culturelle.
Embrasser le savoir-vivre, c’est choisir de participer à la grande œuvre de civilisation, en offrant le meilleur de soi-même à la société.
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